les tribulations d'une perle



Il fait beau pourtant ce dimanche-là. J’ai besoin de toi. Tout me manque, le monde est vide et mes poumons sont trop pleins de ce rien. Le souffle court et le regard vide, les cheveux glissant dans le vent, je regarde le lac. Immense couverture luisante. Le poids est si lourd à chacune de mes inspirations, le souffle est si brûlant dans le froid que la condensation peu à peu m’envahit. J’ai mal, c’en est physique. Respirer est trop lourd, bien bien trop lourd. Rien ne compte plus, plus ne m’est rien. Rien ne compte plus que cette communion ce matin de dimanche, au bord d’un lac gelé sur lequel je vais finalement marcher, à défaut de m’y noyer. Le miracle à portée d’eau. C’est la gorge serrée que la glace dure m’a accueillie, m’a soutenue et m’a retrouvée sur l’autre rive. Marchant dans le froid, mon souffle retrouve son calme, enfin, ma gorge se détend, mes longues jambes arpentent sans fin ce lac d’une rive à l’autre. Je vais et je viens entre les mains du lac. Dame sombre aux yeux d’airain, aux reins souples et vains, une mèche échappée frappe mes yeux et empêche le soleil haut dans le ciel de m’éblouir. La glace craque soudain autour. De salvateur espéré, ce craquement se fait cyniquement sinistre. Rien autour de moi, le grand vide. Le grand blanc. Le grand rien. Le grand silence, l’immense lumière éblouissante. Je dois y aller. Cours ! Cours Ady, cours. Je cours, je cours. Je cours à perdre haleine, et pourtant je cours. Sur la glace et dans les flaques, vers la lumière et vers le rivage. Tout m’est tout. Je n’entends plus les chants du lac, je vole au-devant de la vie. Au bord de la lumière, je retrouve enfin mon corps et le plaisir de courir, la joie de respirer, l’envie de rire. Eperdue sur les rives, je regarde la longue faille qui m’a suivie, courant avec moi, en arc de cercle vers la rive, immense sourire complice. Les sanglots ont libéré les poumons, enfin, de soulagement, je ris et je pleure ensemble et là. Et là une pensée m’obsède : Je ne dois pas être belle à regarder. Je ne dois pas être belle à regarder. Back from the future. Retour au présent. Au présent plus-que-parfait. Tu ne m’est plus rien. Enfin. C’est un jour parfait.
Jeu 14 avr 2005 4 commentaires
no comment
KeleK - le 17/03/2005 à 10h32
Très prenant ; on y est avec toi ; le reste t'appartient... :-)
Raoul - le 17/03/2005 à 16h33
Dur à commenter mais sache que je sais qu'en toi il réside une personne magique et pleine de vie! Il ne faut pas longtemps pour s'en rendre compte...
mateo - le 17/03/2005 à 17h31
Touchant en effet,si proche de la realité,je te comprend et je partage tes emotions
moi pour ma part je commence a apercevoir l autre de bout de la rive et l espoir de jours meilleurs..
courage mademoiselle
philippe - le 19/03/2005 à 10h45