les tribulations d'une perle

Je connais une jeune fille tête-en-l’air.

Cette jeune fille oublie régulièrement sa pilule le matin, et vient de subir une IV médicamenteuse. Il y a 3 ans, cette même jeune fille a subit une IVG par aspiration, sans péridurale, par une équipe de boucher d’un hôpital breton dont je tairais le nom.

Une IVG médicamenteuse, ça peut paraître moins violent, plsu facile, plus anodin pour le corps et pour la femme : hop une série de cachet et zou, dans les oubliettes le problème. Non seulement c’est un déni de ce qui se passe réellement, mais en plus c’est oublier que la dose d’hormones prises est telle que le corps met des mois à s’en remettre avec de graves perturbation à la clé (hémorragies intensives, pertes de conscience, anémies, fatigue extrême, dérégulation des cycles et du moral, de l’humeur, tendances dépressives…)

A côté, l’aspiration fait figure de médecine douce.

OK me direz-vous mais enfin cette jeune fille, si elle ne souhaite pas le garder, elle doit bien avorter non ? Certes. Comme elle doit aussi trouver une contraception adéquate.

Or la question se pose très différemment dans la réalité. Pour avoir pris moi-même une pilule fortement dosée (merci au gynéco qui me l’avait conseillée) pendant plus de 15 ans, je sais que le milieu médical oscille entre la loi du moindre effort et celle du déni : Quand on vous pose la question « celle-ci vous convient ? » on entend « pas de grossesse surprise, madame ? »

Non, pas de grossesse surprise. La pilule est un blanc-seing pour baisouiller sans le risque ultime de grossesse, horreur parmi les horreurs. Mais silence radio sur les conséquences d’une telle prise hormonale factice, ni sur leur influence sur le corps à long terme :
-    photosensibilité (lumière du soleil, fragilité de la peau, masque de grossesse, cancers de la peau)
-    nervosité (dépressions, fragilité nerveuse)
-    prise de poids (absolument réelle : on ne maintient pas un corps en état artificiel de surdosage hormonale sans conséquences)
-    perte de la prise de conscience de son corps et augmentation des risques de contamination de MST (le danger ultime de grossesse étant écarté, on peut y aller sans risque et se passer de préservatif)
-    fragilisation de la muqueuse utérine laissant champ libre aux MST et cystites en tous genre

Une seule gynéco m’a conseillée d’arréter la pillule que je prenais et de varier les contraceptions… Préservatifs pour les relations de courte durée, patch, anneau, implant pour celles plus longues et sans désir immédiat de bébé. Voire stérilet. A ma grande surprise, car sans avoir eu de premier bébé, il est quasi impossible de s’en faire prescrire un, et votre médecin se charge généralement de vous rappeler que c’est une « haute prise de risque de grossesse extra-utérine pouvant mener à la stérilité ».

Je remarque que, contraception ou IVG, la question de la sexualité de la femme laisse encore énormément de place au non-dit,  au tabou, au préjugé jusque chez les thérapeutes.  A aucun moment, chez cette jeune fille ou chez moi, on ne nous a donné de vraies informations, on ne nous a recommandé de respecter notre corps, d’en prendre soin. Le plus urgent a toujours été de régler le problème de la grossesse et de s’assurer du suivi de la prise » si tu nee prends pas ta pilule, c’est toi qui es en faute, si tu subis les désagréments d’une contraception sur de longues années c’est à cause de ton choix de vie.

Autrement dit : si tu veux baiser, tu vas le payer.


Voilà précisément pourquoi je milite : déculpabiliser le sexe, permettre de prendre compte de sa réalité et de sa nécessité. Cela passe par le respect des prostitués et de leurs clients, aussi bien que le respect d’un corps sous contraception, l’affirmation de son désir et des besoins multiples, aussi bien féminins que masculins… en dehors de conflits pseudos-religieux et pseudos-éducatifs à la con qui professent que parler de sexe en dessous de 15 ans est passible de détournement de mineur…





Mar 20 jun 2006 24 commentaires
Oui, et la responsabilisation autour du sexe, c'est pas que pour les femmes. Faudrait voir à éduquer les petits mecs qui croient que c'est anodin de jouer avec leur pissou.
Fredogino - le 20/06/2006 à 14h17
Hello Adi... un sujet important et de nombreuses questions soulevées par ton article...

Pour avoir travaillé un mois dans la clinique de gynéco-obstétrique de ma ville ;-) j'ai pu voir un peu les méthodes utilisées, l'attitude des patientes et les opinions des spécialistes sur le sujet... qui peuvent être parfois très opposés d'ailleurs...

Il est clair qu'il y a une certaine désinvolture de la part des médecins à force de pratiquer ces IVG, qu'elles soient médicamenteuses ou par aspiration.

D'un autre côté, on critique beaucoup les patientes qui manquent de rigueur dans leur contraception, voire considèrent les IVG comme une promenade sans en entrevoir toujours les conséquences (augmentation du risque de grossesse extra-utérine, de fausses couche et de stérilité)...

Bref, un thème difficile, mais c'est bien que tu en parles, justement...

SysTooL
Systool - le 21/06/2006 à 13h51
Hello Systool, merci de ton point de vue "de l'intérieur" si je puis dire :-)

Certes, on critique les femmes quand elles sont inconscientes des risques... mais leur donne-t'on vraiment les moyens de se responsabiliser?

On ne parle pas des IVG comme un acte grave, moral, dangereux pour la femme. C'est comme la peine de mort ou le racisme: rien que le fait de soulever son danger suscite déjà les critiques sur le ton "quoi! tu voudrais la remettre en cause alors que c'est un progrès acquis chèrement!!!"

Je ne veux évidemment pas la remettre en cause.

Mais quand on ne propose ax femmes que la pilule, par solution de facilité pour le praticien et sa tiédeur à tester de nouvelles méthodes contraceptives, on ne peut pas en même temps reprocher aux femmes tête-en-l'air de subir les inconvénients de cette même pilule.

En clair, le reproche serait acceptable si la femme - ayant refusé les autre méthodes et connaissant sa légèreté à prendre réhulièrement sa pilule - continuait à la prendre.

Tu vois?
adimac gin - le 21/06/2006 à 14h40
Très intéressant sujet. Je ne peux que confirmer ce que tu dis, Adi. Mon vieux gynéco, en + de 10 ans, ne m'a jamais proposé autre chose que toujours la même pilule supra-dosée de mon adolescence. 3 questions basiques pour savoir si je la "supportais" toujours bien, et un : je vous refais une ordonnance pour l'année. Point barre.
Si les effets ne se font pas très visibles (nausées, forte prise de poids, saignements,...), on en déduit que tu la tolères bien et qu'il n'y a pas de raison de changer. Quid des effets à long terme, ou moins visibles (entre autre psychologiques, merci les hormones) déjà cités ? Sans plainte claire ou demande express de la patiente, on fait comme si ça n'existait pas.

Promis, cet été, je change de gygy. Si vous avez des bonnes adresses ? ; )
San - le 22/06/2006 à 13h19
:-( San... Change de gygy si tu veux mais surtout change de moyeens de contraception, voire fais une pause... et revenez au préservatif, c'est important...

Je n'ai pas 'adresse à te proposer, ma super gynéco est à Lausanne... J'y vais car elle m'a ouvert les yeux (à 38 ans ...) Mais boudiou que c'est loin.

Ceci dit, si tu te poses un jour la question: oui les anneaux c'est super, et oui les implants c'est super aussi ;-)
(vais ouvrir moi-même une consult'!!!)
adimac gin - le 22/06/2006 à 14h18
déculpabiliser le sexe
tout un programme
honorable
A+
jdn - le 23/06/2006 à 14h40
Quelqu'un qui en parle très bien (au niveau "technique") de la pilule et des autres moyens de contraception, puisqu'il est qualifié pour étant médecin, c'est l'écrivain Martin Winckler (http://martinwinckler.com/)
si jamais vous ne connaissez pas encore...

Je crois qu'il développe aussi un peu le même genre de réflexion sur la manière dont est prise en compte cette demande des femmes par le corps médical...
Major Thmopson - le 26/06/2006 à 23h32

Bravo, très intéressant et pèrcutant.
moi qui suis au hili ou l'avortement est officiellement illégal comme dans toute l'Amérique latine, les flles ont ulturellement l'obligation tacite de garder et éleve l'enfant.. parfois dès l'àge de 16 ans.
Mais, ce que je trouve dommage dans ton article, c'est que tu ne pare pas du tout de l'homme. Il est à mon sens primordial que l'homme s'oupe aussi de la contraception. La pilule ne dit pas être seulement un truc de fille, d'ailleurs, je ne comprends pas que la pilule masculine ne soit pas plus utilisée et promue...
Et puis, l'IVG doit aussi être une affair de l'autre...


Parce que contraception ou IVG, c'est comme le sexe et l'amour, faut ètre deux !

bertrand - le 27/06/2006 à 04h01

quitte a faire grincer des dents, je me permet une petite reflexion concernant la contraception masculine.


Pourquoi  un homme prendrait il une pillule contraceptive, alors que ce n'est pas lui qui doit subir les conséquences d'une grossesse ? Une amie distraite elle aussi c'est fait engrosser par son mec de l'epoque. Elle lui a dit a temps pour pouvoir avorter. Mais le mec, trouillard, voir connard, lui c'est barré, laissant l'etourdi assumer toute seule une IVG. Et remarquez bien que vous serez toujours toute seule a porter votre enfant, alors arretez de rever a une contraception masculine, cela existe mais ne seras jamais la norme, on va pas se bouffer les hormones pour quelque chose qu'on a ps besoin d'assumer.


A bon entendeur,


PS :  sinon comme contraception y a mieux moins chere, mais qui vous feras aussi flamber les hormones, l'abstinence. A bien choisir c'est pas si mal que ca la pillule !

pierre - le 07/07/2006 à 13h33

Re...


D'abord, pardon pour les trop nombreuses fautes de frappes de mon précédent commentaire... (imposible de le corriger après la mauvaise manip d'envoyer... grrr)
Ensuite, je me disais que tu allais peut-être réagir et répondre aux commentaires des uns et des autres ?

Bertrand - le 08/07/2006 à 06h44